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mardi 27 octobre 2020

De la gouvernance du marché du livre

J'ai répondu à trois questions de Pierre Berger pour son Wiki de la Gouvernance. Une bonne occasion de saluer ce travail mais aussi celui de la Ligue des auteurs professionnels, de regretter les atteintes continues aux droits légitimes des lectrices et des lecteurs face à la nouvelle donne du numérique et de ses immenses potentialités, et enfin d'en appeler une nouvelle fois à l'espoir qu'une Nouvelle République des Lettres puisse un jour émerger des Digital Humanities.  

Lorenzo Soccavo dans le Wiki de la gouvernance
Cliquez ici pour accéder gratuitement à l'ensemble de l'entretien

dimanche 22 septembre 2013

Albert Camus en penserait quoi ?

Cet automne 2013 va être marqué par une salve commerciale de reparutions, rééditions, parutions et éditions d'Albert Camus, et de livres sur son oeuvre.
Né le 07 novembre 1913 Albert Camus aurait eu en effet 100 ans ce 07 novembre 2013.
Mort dans un accident de voiture le 04 janvier 1960, il a donc disparu depuis plus de 53 ans.
En France, les reparutions de ses oeuvres vont être payantes (illustration 1). Mais dans de nombreux pays, dont le Canada, elles sont depuis plus de trois ans gratuites en toute légalité (illustration 2, issue du site francophone http://www.ebooksgratuits.com/).
Qu'en aurait pensé Albert Camus ?
 
illustration 1

illustration 2
Il aurait certainement été pour une harmonisation internationale du droit d'auteur, une extension et une sanctuarisation du domaine public, la liberté de choix pour les auteurs de libérer leurs oeuvres, notamment après leur mort, le développement des vertus liées aux biens communs, au partage et à la libre diffusion du patrimoine culturel de l'humanité... 
Le respect du droit d'auteur, certes, mais aussi le respect des droits des lecteurs...  
Dans le système français actuel l'accès aux livres n'est pas régulé depuis Saint-Germain-des-Prés au bénéfice des auteurs et des lecteurs, mais pour l'accroissement des profits des héritiers de l'édition.
Cela me fait penser que s'il n'y avait qu'un seul livre à lire pour lui rendre aujourd'hui hommage ce serait alors, à mon goût, la biographie libertaire que lui a consacrée Michel Onfray en 2012 :
 

 


samedi 28 avril 2012

Semaine 17/52 : CETTE SEMAINE JE ME SUIS FAIT INSULTER PAR UN ÉDITEUR !

Durant l’année 2012 j’ai décidé de publier ici même chaque semaine un billet exprimant mon ressenti personnel sur la semaine précédente, dans la perspective, bien évidemment, des problématiques de la prospective du livre et de l’édition.
Ce post est donc le 17/52.
    
Cette semaine j’ai été insulté à mots couverts, mais vraiment insulté malgré tout (vous allez voir, et puis profitez bien de ce 17e opus car je ne sais pas s‘il y en aura un 18e !), insulté donc par un éditeur (un directeur de collection en fait, à la place de l’éditeur d’ailleurs je m’interrogerais sur l’image que véhicule de ma maison un tel monsieur donneur de leçon !), insulté donc pour avoir osé prétendre à un à-valoir d’un montant équivalent à ceux que j’ai pu percevoir au début des années 2000, et ce s’agissant d’un essai de vulgarisation grand public sur les mutations du livre et de la lecture, c’est-à-dire d’un sujet complexe, en pleine évolution et sur lequel on ne pourrait en aucun cas prétendre qu’il s’agirait simplement et stupidement, pour reprendre les termes de ce monsieur : “d’accumuler et de trier des matériaux”.
      
Un baromètre trop optimiste
  
Il est vrai que pour ce monsieur un tel ouvrage doit pouvoir s’écrire en deux semaines « à raison de 4 ou 5 heures par jours ». Il me suffirait en somme de suivre ses conseils : de me lever tous les matins, sept jours sur sept à cinq heures, d’écrire jusqu’à neuf heures, « ainsi il s'agit d'écrire 5 pages par jour ce qui n'est pas la mer à boire » me dit ce brave homme, puis après… : « d’aller au boulot pour gagner [ma] croute ».
  
Le travail d’analyse et de réflexion n’a aucune valeur pour ce monsieur. Il s’agit juste d’épicerie, de fournir rapidement un produit juste bon pour des lecteurs a priori considérés comme des cochons de consommateurs-acheteurs de livres. Et le voilà donc d’inciter l’auteur à se servir ensuite de ce livre forcément mal torché pour, je cite : « construire du chiffre d'affaire en conférences, séminaires, consultances, etc. ». Mais l’auteur ne doit surtout pas s’attendre à gagner de l’argent avec son travail « qui est un investissement ».
  
Que je veuille prendre le temps d’un travail de qualité et que je veuille juste survivre modestement pendant ce temps et la conclusion de ce monsieur est alors simple : je suis chercheur et consultant indépendant, donc je suis sans emploi et donc je cherche à escroquer un pauvre et brave éditeur de quelques mois de salaires. CQFD. Pauvre abruti va ! (Je note au passage les références au sacro-saint salariat. On n’aime pas le marronnage surtout quand il porte un nom pas très français comme Soccavo !).
    
La réaction, les propos et les allusions méprisantes de ce monsieur, qui n’a apparemment aucune idée des dispositions légales d’un contrat d’édition (alors qu’il s’agit d’un petit groupe éditorial et d’une maison fondée dans les années 1920), mais aussi des témoignages et des confidences que je recueille depuis des années, les échanges au sein du Collectif Le droit du serf sur Facebook, m’enlèvent toute illusion : le Baromètre des relations auteurs/éditeurs de la Scam (Société civile des auteurs multimédia) est bien trop optimiste. Il ne reflète pas la réalité. Il ne prend en compte que les déclarations d’un nombre relativement peu élevé d’auteurs et, surtout, ne considère pas les relations en amont de la signature du contrat d’édition : les rebuffades et les humiliations que les auteurs doivent subir ne sont pas prises en considération, seuls les aspects financiers contractuels sont raisonnablement pris en compte.
Cling ding bing bing… (C’est le bruit des petits sous !)
Mais je vous le dis moi : en vérité il n’y a pas de respect au cœur de l’interprofession, et c’est grave.
  
Deux autres points aussi :
- Avec la bascule d’une partie au moins du marché du livre de l’édition imprimée à l’édition numérique il va y avoir une période de flottement et de dérégularisation propice à toutes les dérives : mon imagination est peut-être ici prise en défaut mais je ne vois que l’instauration d’agents littéraires pour éviter… pour éviter quoi en somme ?
- Il faudrait également que les sociétés de gestion de droits et les organisations censées représenter et défendre les droits des auteurs soient moins complaisantes vis-à-vis de ceux qui font tourner les manèges de l’édition.
(La relève est peut-être du côté de collectifs plus informels comme Le droit du serf ?) 
  
Pourquoi me laisserais-je insulter par un directeur de collection ?
 
J’en appelle à la dignité des auteurs ! Ne vous laissez pas mépriser ! Restez dignes ! Ne soyez pas prêt(e)s à tout pour être publié ! Refusez que votre travail soit votre unique rémunération !
 
Dans mon dernier mail, celui où je réponds aux propos que j’ai sommairement rapportés ici, je remets ce monsieur à sa place, à savoir une place à laquelle je ne veux pas être : « En conséquence de quoi je refuse catégoriquement de publier cet ouvrage dans votre collection et ce quelles que soient les conditions que vous pourriez maintenant me proposer. Je regrette vivement de m’être adressé à votre maison et vous assure que je m’en préserverai bien à l’avenir, tant comme auteur que comme lecteur.
Dans ces conditions je préfèrerais également que nous en restions là. Je ne vois pas l’utilité de nous faire perdre réciproquement notre temps et d’échanger ensemble des propos discourtois. »
C’est moi qui refuse d’être édité dans une telle maison et pas leurs gens qui refusent de m’éditer. Vous comprenez ? 
  
A partir du moment où je demandais un à-valoir j’étais un voleur ! En discuter entre personnes honnêtes ? Négocier le montant ? Chercher un commun accord ? Que nenni ! Mon outrecuidance à oser refuser les : « huit cents euros mais pas plus ! » m’a déjà valu un camouflet par mail (on n’arrête pas le progrès décidément !).
Ces gens-là font la couche d’Amazon.
En ne pensant qu’à se faire du fric, ces gens là commencent à se faire du fric sur le dos des auteurs, avant de s’en faire sur celui des libraires et des lecteurs.
« Faut vous dire Monsieur / Que chez ces gens-là / On ne cause pas Monsieur / On ne cause pas on compte ! » (Jacques Brel, 1966).
  

dimanche 30 octobre 2011

Lecteur ou Voleur ?

Depuis le récent titre (L'enfant et la tablette) publié dans la collection Comprendre le Livre Numérique nous avons décidé, d'un commun accord avec l'éditeur, d'ajouter à nos livres numériques une page introductive en appelant à la responsabilité de nos lecteurs.
Je sais par des indiscrétions - eh oui ! que certains de nos titres ont circulé beaucoup, notamment en fichiers attachés à des courriels, à des centaines d'expéditeurs, notamment dans les communautés d'auteurs auto-édités et d'enseignants... :-(

Pour votre confort nous diffusons nos livres sans DRM.
Mais cela ne veut pas dire qu’ils sont gratuits !

Chacun de nos titres, que vous prenez intérêt à lire, a demandé des semaines, voire des mois de travail à son auteur. L’éditeur, le directeur de collection (moi-même en l'occurrence), les personnes en charge de la correction et de la préparation des fichiers, y ont consacré des heures de travail.
  


[Texte :
PIRATER ! MOI ? JAMAIS

Vous avez sans doute remarqué que nous ne mettons pas de verrous numériques sur nos fichiers. Vous savez les fameux DRM dont tout le monde parle. Nous considérons que dès lors que vous décidez de télécharger un livre dans son format numérique, vous devez être libre de l’annoter, d’imprimer des passages et surtout de pouvoir le transférer d’un terminal de lecture à un autre terminal de lecture, et ce quelque soit sa marque et son environnement technologique.

Ce fichier est le vôtre, il vous appartient tout autant que lorsque vous achetiez un livre en papier. À nos yeux, vous n’êtes surtout pas des pirates en puissance mais de précieux lecteurs. Des lecteurs tout aussi respectueux du travail de l’auteur qui vous permet de passer un agréable moment de lecture numérique, respectueux de toute l’équipe qui a travaillé sur la couverture, la révision, la correction ou encore sur la fabrication des fichiers numériques. De plus, notre maison d’édition pratique une politique de prix que nous estimons être le juste prix pour des publications numériques.

Grâce à votre achat, nous pouvons rémunérer les personnes qui, comme vous, ont un métier qui les fait vivre et qui ont à coeur de vous offrir le meilleur d’eux-mêmes pour que votre expérience de lecture numérique soit la plus agréable possible. Aussi, sommes-nous convaincus qu’en contrepartie et parce que nous respectons vos droits de lecteurs, vous respecterez le droit des auteurs et des professionnels qui ont participé à la réalisation de l’ouvrage que vous venez de télécharger et qu’il ne vous viendra jamais à l’idée d’utiliser ce fichier autrement que dans un cadre privé.

Numériquement vôtre,

L’équipe de Numériklivres ]
   
La collection Comprendre le Livre Numérique vous propose à ce jour six titres que vous pouvez télécharger à partir du blog compagnon :
- L'enfant et la tablette - genèse du livre numérique jeunesse, par Laure Deschamps,
- Inventer ensemble la librairie de demain - la librairie face à la dématérialisation du livre par Vincent Demulière,
- La BD numérique - état des lieux, enjeux et perspectives, par Sébatien Naeco,
- Manuels scolaires et albums augmentés - enjeux et perspectives pour une pédagogie du 21e siècle, par Michèle Drechsler,
- Auto-édition tremplin ou impasse ? opportunités et arnaques à l'heure du numérique, par Paul Leroy-Beaulieu,
- De la Bibliothèque à la Bibliosphère - les impacts des livres numériques sur les bibliothèques et leur évolution, par Lorenzo Soccavo.


mardi 16 mars 2010

Les auteurs appelés à la vigilance

Dans sa Lettre N°37 de ce mois de mars 2010, la Société des Gens de Lettres appelle avec raison les auteurs, dans un contexte de numérisation des œuvres, à identifier et protéger l’intégralité de leurs droits. « … il est absolument nécessaire, écrit Alain Absire, Président de la SGDL, que chacun d’entre nous fasse le point sur ses cessions de droits d’exploitation commerciale. »
En l’absence de modèle économique pérenne et d’organisation de l’interprofession du livre en matière d’exploitation numérique, la SGDL appelle les auteurs à faire inscrire dans tous leurs « contrats d’édition une clause de renégociation régulière des termes de la cession de [leurs] droits numériques. »