samedi 29 décembre 2012

Semaine 52/52 : Le rideau tombe !

Durant l’année 2012 j’avais décidé de publier ici même chaque semaine un billet exprimant mon sentiment personnel sur la semaine précédente, dans la perspective, bien évidemment, des problématiques de la prospective du livre et de l’édition.
Ce post est donc l’ultime, le 52/52.
 
Je dois maintenant vous remercier pour votre lecture tout au long de ces cinquante deux semaines, lectrices, lecteurs inconnus.
Les statistiques de consultations du blog sur lequel cette chronique fut publiée tout au long de cette année passée révèlent que vous avez été plusieurs milliers à la lire. Mais comment savoir, même parmi celles et ceux qui l’ont relayée sur les réseaux sociaux, ont cliqué sur un “J’aime” ou un “+” combien la lisait vraiment ?
Très peu parmi vous se sont manifestés, seules quelques-unes, seuls quelques-uns, très rares, en commentaires, plus rarement encore par un courriel privé, quelques autres par un petit mot rapide au hasard d’une rencontre, me glissant presque subrepticement à l’oreille qu’ils lisaient ma chronique.
Que ces quelques-unes, que ces quelques-uns soient ici chaleureusement remerciés.
C’est grâce à vous, c’est pour vous, que j’ai tenu jusqu’au bout.
  
En lecteur subjugué
 
Mes plus lointains ancêtres italiens ont lu sur des stèles de marbre. Sur des rouleaux de papyrus, sur du parchemin. Sur des générations entières a soufflé l’esprit méditerranéen. Pour en arriver là. J’en suis l’un des derniers rejetons. Une branche sans fruit. Mais j’ai essayé. J’ai essayé d’exprimer ici. Durant cinquante deux semaines.
Si je ne suis pas parvenu à désigner je crois m’être plusieurs fois approché.
 
Nous connaissons tous le proverbe chinois : « Quand le sage montre la Lune, l'imbécile regarde le doigt. ».
Quelques-uns, je le sais, s’agitent, ils dénigrent ma posture, font courir des bruits, ils disent des choses sur moi, des choses du genre : « Mais pour qui il se prend ! ».
Ils regardent mon doigt et ils refusent de voir ce que je désigne.
Ils se moquent je le sais. Au fond ils me méprisent et s’en cachent à peine. Juste un vernis de bonne éducation, une moisissure d’hypocrisie sur leurs faces.
 
Je me prends juste pour un lecteur viscéralement attaché à la lecture.
Rien d’autre. Rien de plus.
 
Une question demeure cependant intacte, même si j’avais vraiment fait ici la part de l’imprédictible et de l’intemporel, révélant mes stratégies d’évitement, essayant de nommer l’innommable, redéfinissant sans cesse et encore : y-a-t-il une part d’irréductible dans ce que depuis plusieurs siècle nous appelons tous : “livre” ? Et si oui, quoi ?
Et puis aussi, bien sûr, cette question formulée par Thomas Mann, dans La montagne magique : « Celui qui est subjugué peut-il affranchir ? ».
Le rideau tombe sur cette question.
Le rideau tombe sur cette chronique.
Et sur quoi d’autre encore ?
 
La probabilité que cette chronique soit un jour éditée est extrêmement faible.
Plusieurs de ses opus ont été l’objet d’une prépublication dans la revue en ligne belge de Willem Heremans, Numéritérature : successivement les numéros 18 à 21, sous le titre : “Réflexions sur la lecture en 2012 : mois de mai…”, puis 36 à 40, sous le titre : “Cinq semaines de doutes et de lutte…”, et enfin de 41 à 46, sous le titre : “Sans cesse on devient lecteur…”. Qu’il en soit ici chaleureusement remercié.
 
Ce n’est pas la première fois qu’un auteur français trouve en Belgique l’appui qu’il n’a pas en France.
Je ne me fais sinon plus aucune illusion.
Ou si peu.
Bonnes lectures.
Malgré tout.
 
52 semaines...
Moutons et perroquets
Semaine 02/52 :
Le livre à l’école du futur
Au seuil d'un autre monde
Semaine 03/52 :
Vers le biolivre ou le plasmabook ?
Je deviens peut-être un peu fou
Les droits des lecteurs menacés
Les droits des auteurs toujours bafoués
La partie immergée de l’iceberg
Semaine 05/52 : D’une possible trans-littérature dans le récit transmédia
Un monde en développement…
Nous sommes le Livre
Semaine 06/52 : Le Livre Absolu
Avatars de chair et Livres de pierre
Du lecteur au personnage sur la scène du monde
Saint-Germain-des-Prés en état de siège ?
Pendant ce temps l’histoire s’écrit…
Et si le hasard n’existait pas ?
Semaine 08/52 : Je est une bibliothèque
Le volume, ce ferment…
Je suis un bipède, un (dé)lire sur pattes
Les grands cimetières sous les livres…
Semaine 09/52 : De la diffusion à l’infusion
Psychogéographie et ubiquité
Comment qualifier cette naissance à la noospshère ?
Un prodige agissant. Une seconde Renaissance ?
Semaine 10/52 : Primauté des articulations
Une semaine "sérendipitielle" de remise en questions
Des phrases qui articuleraient notre présence au monde
« O tempora, O mores » - « Ô temps, ô mœurs ! » (Cicéron)
Des robots indexeurs et prescripteurs
Au-delà de tous les livres LE Livre dont nous sommes les héros
J’aurais besoin que mes avatars m’aident
Semaine 12/52 : Le livre comme objectif
Danger si le livre nous devient étranger
Ne plus rien attendre des professionnels du livre
Semaine 13/52 : Troubles à l’ordre public Bd St-Germain
Quand le 19ème revient hanter mes nuits
Ceux qui font tourner les manèges
Semaine 14/52 : La Grande Pâque à Singe-des-Prés
Immobile près de la rue Grégoire-de-Tours
Mais je suis une grenouille !
Semaine 15/52 : L’obsolescence du livre
Transfiguration du lecteur
Craindre un évanouissement de la lecture
Semaine 16/52 : Une vraie ambition pour le livre et la lecture !
La peste ou le choléra ?
Mais que serions-nous en droit de revendiquer ?
Semaine 17/52 : Cette semaine je me suis fait insulter par un éditeur !
Un baromètre trop optimiste
Pourquoi me laisserais-je insulter par un directeur de collection ?
Semaine 18/52 : Pas Occupy Saint-Germain-des-Prés
Le collectif Livres de Papier
Du loup blanc au mouton noir
Semaine 19/52 : Le lecteur chimérique
La rétractation technologique
La rétine et la peau
Semaine 20/52 : Le livre devant soi
Et j’appris un jour à lire…
Semaine 21/52 : Le livre imprimé comme chrysalide
Être ou ne pas être héroïque ?
Semaine 22/52 : Lire, de la symbiose à l’osmose
Un humanisme numérique ?
Un horizon sonore ?
Semaine 23/52 : L’utopie qui se dessine pour le livre
Utopie ou dystopie ?
Semaine 24/52 : Ma bibliothèque m’appartient-elle ?
La voilà la génération perdue !
Et puis il y a la nature humaine…
Semaine 25/52 : Je préfèrerai ne pas…
La désobéissance intellectuelle
En veux-tu ? En voilà !
Semaine 26/52 : Le pouvoir hallucinogène de la lecture
Quand je lis…
Lire avec un casque !
Semaine 27/52 : Et si l’écriture disparaissait ?
Quand la réalité rattrape la lecture
Vers une civilisation post-alphabétique
Semaine 28/52 : Futurologie du livre
Je me souviens la troisième phrase
Semaine 29/52 : L’impressionnisme de la lecture
La voix de son maitre
Ce qui fait image
Semaine 30/52 : Pourquoi je m’interdis l’autoédition
Tous ont droit. Mais où est leur devoir ?
La mutation de l’espèce
Semaine 31/52 : Mangeur de livres
Bibliothérapie à marée basse
Extraction de la pierre de folie
Semaine 32/52 : L’obsession textuelle
Milan Kundera et Pascal Quignard
Le fascisme des marques
Semaine 33/52 : L’Annonce faite aux éditeurs
Bientôt la fin du spectacle ?
Vous avez souri en lisant Étienne de la Boétie
Semaine 34/52 : Le livre comme partition
Le rêve du livre métamorphosé
Semaine 35/52 : Pourquoi Danton ?
Une statue à Singe-des-Prés
Un monde impropre à toute aventure mythique..
Semaine 36/52 : “Appel des 451”, mais combien sont-ils à freiner dans le virage ?
Un néo-luddisme qui ne dit pas son nom !
Il faut répondre à cet Appel!
Semaine 37/52 : L’édition numérique n’existe peut-être pas !
Penser sur un autre rythme
Une trahison des historiens ?
Semaine 38/52 : Ce qui ferait roman (maintenant)
De l’auteur aux générateurs de romans
Entendre lire dans son cercueil
Semaine 39/52 : L’imprédictible et l’intemporel
Le sentiment que beaucoup abandonnent
Semaine 40/52 : Je porte mes mains sur le livre je le porte à mes yeux à mon nez…
Remonter aux sources du livre
Porter le livre à bout de bras
Semaine 41/52 : Les girafes et les éléphants…
Bloqués dans la monotonie du lexique
Semaine 42/52 : Le livre dépasse la fiction
Rendez-vous en 2440

Semaine 43/52 : Fusionner avec le livre
L’Homo Lector
La lecture comme entrainement au monde de demain
Semaine 44/52 : Sans cesse on devient lecteur…
Des lecteurs dé-livrés ?
Semaine 45/52 : Lire l’innommable…
Le livre, théâtre ou miroir du réel ?
Sur la page, les mots substitués
Semaine 46/52 : Lire les yeux bandés
Un baromètre n’est pas une boussole
Revendiquer nos droits de lecteurs
Semaine 47/52 : Lire entre les lignes
Semaine 48/52 : Les arts numériques, ligne de fuite pour la littérature ?
La fin de l’ère “bibliolithique”
A travers nos émotions
Semaine 49/52 : L’abolition de l’espace (du livre puis du corps…)
Signaux faibles et tendances émergentes…
Peut-on utiliser le livre pour ce qu’il est en vérité ?
Semaine 50/52 : Le livre comme symbolon
Se délier de son odyssée ?
Semaine 51/52 : Pour une organologie du livre
Des bipèdes hypertextuels
Se relier à son odyssée ?
Semaine 52/52 : Le rideau tombe !
En lecteur subjugué. 

4 commentaires:

  1. En tous cas merci Lorenzo pour ces articles et tes réflexions, ainsi que les conférences du cycle Métalecture !

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  2. Oui la ténacité de Lorenzo n'a d'égale que celle de l'intuition partagée déjà par bien d'autres s'agissant du sens de l'histoire en général -au delà de celle du livre mais auquel celui-ci contribue justement tant- un sens de l'histoire optimiste, plaçant l'Homme toujours vers un progrès et au service de celui-ci. Que les imbéciles regardent son doigt, cela peut aussi être un acte intelligent de la part de ceux qui ont peur, car ainsi ils se protègent. La surdité et l'aveuglement sont d'autres moyens d'échapper à la peur. La peur de perdre quelque chose?
    Ce que montre le doigt de Lorenzo n'est pourtant pas dangereux, et je forme le voeu pour que 2013 place sur son chemin et sur celui de l'avenir du livre et de la lecture davantage d'acteurs convaincus que la lune est ici le gain inédit qui les attend. Allez Lorenzo, ne perds pas courage, ni patience, "le temps se moque de ce que l'on fait sans lui" est aussi un proverbe chinois je crois.
    Jenny Bihouise

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  3. Merci à vous deux pour ces commentaires qui m'aident à continuer :-))

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  4. J'ai beaucoup apprécié ce rendez-vous hebdomadaire. En tant qu'écrivain du dimanche, j'ai pris goût à ces chroniques du week-end. J'ai aimé la liberté de ton de ces billets, débarrassés des pesanteurs universitaires, affranchis de la novlangue 2.0 des réseaux. J'ai aimé les raisonnements non linéaires, les digressions et les chemins de traverse. Une pensée respirante, légère, en train de se faire à tâtons, contre la pensée d'autorité. La passion de lire, plus que la passion du livre. Merci.

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