dimanche 29 septembre 2013

Pistes de réflexions et perspectives fuyantes pour la prospective du livre – opus 2

Récemment j’ai eu l’occasion dans le cadre de mon activité de veille d’assister à plusieurs manifestations qui ont pu nourrir ma réflexion.
Les principales étaient :
 La journée d’étude : Le rôle stratégique des bibliothèques dans l’appropriation du numérique par les citoyens en France et en Europe, qui s’est déroulée le 10 septembre 2013 à la Bibliothèque Publique d’Information (BPI, Centre Georges Pompidou, Paris), organisée par le pôle Culture du CNFPT Institut national spécialisé d’études territoriales (INSET de Nancy) et la BPI.
— Une partie des rencontres du Colloque international et festival dédié à la littérature numérique à la BnF, Chercher le texte, organisé par le Laboratoire d’excellence Arts-H2H et l’Electronic Literature Organization, à Paris du 23 au 28 septembre 2013.
— La présentation de l’ouvrage collectif : La grande aventure du livre, une coédition Bnf éditions Hatier, sous la direction d’Anne Zali, à la BnF le 25 septembre.
— La Journée Neurosciences, Esthétique et Complexité du 28 septembre 2013, organisée par le groupement de recherche (GDR) Esthétique Arts et Sciences (ESARS) du CNRS et de l’Université Paris Descartes.
— Manifestations auxquelles nous pourrions ajouter ma participation à distance le 25 septembre aux Conversaciones liquidas entre editores y bibliotecas organisées par la Fundación Germán Sánchez Ruipérez à Salamanca (Espagne), avec mon texte de réflexion : "Inventer ensemble les nouvelles médiations du livre" (Inventar juntos las nuevas mediaciones del libro). 
 
La voie du rêve…

Tout cela pourrait une nouvelle fois se résumer en une seule phrase : il nous faut déglacer notre rapport à la lecture, sans surévaluer pour autant le numérique.
Et se décliner ainsi, sous la forme d’une liste de pistes, avec interrogations multiples aux nombreux carrefours :

— J’observe de plus en plus des glissements de sens significatifs de plusieurs mots (livre, lecteur, par exemple…), mais celui de bibliothèque semble demeurer stable (le terme de médiathèque n’ayant jamais réellement pris dans les usages, fait intéressant à noter…).
— Les bibliothèques pourraient-elles accéder au plan d’hyper-lieux (c’est-à-dire des non-lieux, de véritables utopies) de la lecture publique et émancipatrice ?
— La forme de narration dominante du 21e siècle émergera peut-être de la convergence jeux vidéo – transmédia – réalité augmentée et internet des objets (des formes élaborées de fictions interactives, ou jeux d’aventures textuelles…), tandis qu’une nouvelle forme de littérature (hyperfictions ?) pourrait émerger d’une hybridation avec les arts numériques et le filon d’une littérature numérique dont les premières œuvres peuvent en fait être datées des années 1950.
— Il y a nécessité à explorer la totalité de la matière textuelle et à sublimer le potentiel narratif des hyperliens au-delà des imperfections des nouveaux dispositifs (transitoires) de lecture.
 Conjointement à ces influences des arts et du numérique sur le livre, nous percevons une plus grande intégration du livre dans l’histoire (et son enseignement), et dans l’histoire des arts visuels sur une échelle, un temps que je qualifierais d’anthropologique.
— C’est le lecteur qui reçoit, constitue et crée le livre comme Livre (c’est-à-dire ce qu’il lit). Il passe au travers et cela passe au travers de lui.
— A l’espace bidimensionnel circonscrit de la page répond celui, multidimensionnel et ouvert, de la lecture (forme de géométrie projective ?). Nous percevons bien dans la littérature numérique l’ambition de rivaliser avec le texte et de sortir le lecteur de l’espace tridimensionnel qu’il perçoit ordinairement.
L’expérience performative de la lecture est ici questionnée (mais insuffisamment).
Nous sommes biologiquement programmés pour ne percevoir et concevoir (imaginer ?) qu’un éventail (très ?) limité des possibles.
Les neurosciences de l’esthétique ne sont pas encore suffisamment appliquées à l’affectivité, ni à la lecture.
— Pourrait-on envisager l’expérience de lecture à la lumière d’une éclipse de la conscience, laquelle éclipse rendrait possible une dissociation de l’immersion dans la scène théâtrale du roman (narrativité), d’avec le ressenti sensoriel du milieu naturel de lecture (de ses conditions et de son support) ?
— Considérer le livre-codex comme un vestibule replié sur soi (?). Et la lecture comme un système vestibulaire (?).
 
En cette période “d’e-incunabilité”, la métamorphose du livre et de la lecture pourrait s’ouvrir sur des champs (chants ?) libérateurs (fédérateurs ?) du langage de l’espèce. A suivre…

En complément dans le même registre vous pouvez lire : Pistes de réflexions et perspectives fuyantes pour la prospective du livre – opus 1
 

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