samedi 28 avril 2018

Prospective Stratégique des Métiers de la Narration - Le Livre Blanc est disponible :-)

Le Livre Blanc sur les besoins d'une véritable prospective stratégique pour l'interprofession du livre et les métiers de la narration est gratuitement téléchargeable en suivant ce lien...
 
La clé de lecture pour bien saisir son message est : Ne regardez pas le doigt qui montre la lune, mais regardez la lune que montre le doigt...

Critiques constructives bienvenues en commentaires ou en messages privés...

vendredi 27 avril 2018

Résultats du questionnaire sur la Prospective du Livre

Le nombre de réponses à l'enquête sur les attentes liées à la Prospective du Livre et de la Lecture ayant atteint en un mois le chiffre rond de 240 participants-e-s et les réponses se raréfiant, j'ai décidé de suspendre le questionnaire et de vous présenter une synthèse des résultats.

Les participant-e-s
En introduction je précise que parmi les participant-e-s : 67% étaient des femmes et 33% des hommes (ce qui semble le reflet de l'interprofession du livre), 46% en province, 42% en Ile-de-France et 12% à l'étranger (ce qui montre le rayonnement de mon activité, notamment sur la francophonie). 30% ont déclaré avoir entre 40 et 50 ans, 21% entre 30 et 40 ans et entre 50 et 60 ans, et seulement 17% entre 20 et 30 ans et aucun de moins de 20 ans (a priori je pensais toucher principalement des étudiant-e-s des filières livre et édition qui me sollicitent souvent, mais ils n'ont de fait été que 4% des répondants). La majorité, 30% se sont en effet déclaré-e-s éditeurs ou éditrices et 21% bibliothécaires, le reste se répartissant entre libraires, auteurs, correcteurs et correctrices (ce qui me semble refléter l'engagement des acteurs de l'interprofession du livre sur les réseaux sociaux)...
50% pensent que la publication d'un Livre Blanc sur le périmètre et les applications de la prospective stratégique du livre et de la lecture leur serait utile, tandis que 42% se déclarent sans opinion sur cette question. Ces 92% là pourront bientôt se faire une idée plus précise avec le futur Livre Blanc sur la Prospective Stratégique des Métiers de la Narration actuellement en chantier.

Des réponses qui font sens 
100%, oui 100%, déclarent trouver claire et pertinente la définition que je propose de la prospective du livre et de la lecture, à savoir : L'étude de l'évolution des dispositifs et des pratiques de lecture afin de prévoir leurs différentes évolutions possibles ; et 100% encore déclarent se sentir concernés dans le cadre de leur activité professionnelle. Enfin, 100% pensent utile de faire de la veille.
Cette veille professionnelle, ils sont 78% à la souhaiter stratégique, c'est-à-dire à la fois concurrentielle et technologique, et seulement 26% à ne la vouloir que technologique, et 22% seulement sur les réseaux sociaux. Pour 71% une veille logicielle automatisée n'apparait ni suffisante ni pertinente.
87% attendraient d'une formation à la veille stratégique qu'elle leur permette d'évaluer les évolutions et d'anticiper les mutations de leur secteur d'activité, 75% de valider les possibilités de valorisation et d'innovation de leurs offres.
L'attente vis-à-vis de formations à l'élaboration de scénarios prospectifs est plus mitigée. 54% pensent cependant que cela leur serait utile, 58% en attendraient davantage d'autonomie pour piloter à l'avenir leur projet de développement, et 50% souhaiteraient acquérir les bases de la prospective stratégique.

Des attentes clairement exprimées
- A la question de savoir ce qui devrait d'abord concerner la prospective du livre et de la lecture, 75% répondent l'édition numérique, puis à égalité, 58% (plusieurs réponses étaient possibles) l'édition imprimée, et, les nouveaux médias ! Comme les autres options, telles la réalité virtuelle, la réalité augmentée, les jeux vidéos ou les arts numériques n’obtiennent que très peu de suffrages, qu'en conclure, sinon que le livre reste un concept homogène dans l'esprit de ses concepteurs (ce qui est peut-être une bonne chose).
- A la question, à quoi pour vous la prospective du livre et de la lecture devrait-elle principalement s'intéresser, une grande majorité (75%) opte pour : "Les nouvelles formes de diffusion et de commercialisation", suivi de près (71%) par : "Les nouvelles formes de médiation du livre", puis "Les nouvelles formes de communication et de prescription", "L'évolution des lectorats". Là aussi les acteurs de l'interprofession du livre restent concentrés sur le développement de leur activité et pragmatiques dans leurs attentes.
Qu'en pensez-vous ? Si vous n'avez pas répondu au questionnaire initial vous pouvez toujours réagir ici en commentaires...

samedi 21 avril 2018

Le Futur du Livre est entre les mains des Lectrices et des Lecteurs !

Les lectrices et les lecteurs ont des droits.
Sans faire de bruit, ils les revendiquent à leurs manières, soit par de la résistance passive, que ce soit au tout-informatique ou bien aux politiques commerciales des éditeurs, soit en contournant le marché du livre pour tout simplement lire gratuitement.
  
Ce qui était il y a peu encore un signal faible, dont j'avais invité l'interprofession du livre à prendre conscience et à anticiper les conséquences dès 2013 en définissant 14 droits légitimes que les lectrices et les lecteurs allaient inévitablement de plus en plus revendiquer, ce qui était alors un signal faible est en train de devenir une véritable tendance.
 
Je n'évoque pas plus le piratage que le vol à l'étalage de livres, pratiques illégales, même si nous pourrions probablement en trouver traces notamment dans le passé de nombre de nos plus grands auteurs, voire de beaucoup d'entre nous, comme une stratégie de survie pour pouvoir lire malgré la cherté des livres. Non, j'évoque simplement le bon vieux système D, la débrouille : la prescription et la médiation par les pairs via les blogs et une véritable galaxie de groupes et de communautés sur les multiples réseaux sociaux, l'accès libre et légal aux oeuvres du domaine public, les solutions inattendues de prêts, de bibliothèques sauvages, de ventes et de reventes d'occasions, de dons, d'autopublications, etc.
Mais ce phénomène est en train de passer à un autre plan avec le développement de pratiques qui, s'exprimant simplement au niveau humain des lectrices et des lecteurs échappent en fait complètement aux radars sociaux et institutionnels classiques.
  
 Une Nouvelle République des Lettres
  
C'est une nouvelle République des Lettres qui émerge du cyberespace, sans lui être limitée, et en accueillant de plein droit comme membres à part entière les lectrices et les lecteurs.
Je crois que dès à présent seuls les lectrices et les lecteurs sont en capacité d'en percevoir les limites et de s'y glisser intuitivement. 
Ce que le numérique leur apporte n'est pas tant au niveau de nouvelles interfaces de lecture, d'un remplacement du marché de l'imprimé ou autres balivernes, ce qu'il apporte, outre au niveau de la rédaction, de la fabrication et de la diffusion, est en fait au niveau de nouvelles possibilités d'émancipation par rapport aux régulations des pouvoirs de l'écrit.
Je ne peux que prendre acte de convergences fortes entre mon travail de veille et les constatations de mes observations quotidiennes. 
Mes travaux portent de plus en plus sur la recherche des conditions qui seraient nécessaires au déclenchement d'un processus d'autonomisation des lectrices et des lecteurs de fictions littéraires. Il y a des raisons à cela !
L'ensemble des acteurs de l'interprofession du livre, imprimé ou numérique, et plus largement l'ensemble des professionnels de la narration, ont tout à gagner à prendre ces dimensions en compte, et beaucoup à perdre s'ils ne voient dans les lectrices et les lecteurs que de simples clients consommateurs plus ou moins passifs de contenus, simplement attirés par le divertissement, l'immersion et l'addiction. 
L'humain, et surtout l'humain qui aime lire, ne se réduit pas à cela. 
Ce n'est qu'en se proposant eux-mêmes comme citoyens de la Nouvelle République des Lettres que les professionnels du livre et de la narration sauveront leurs têtes !  

vendredi 20 avril 2018

Le Monde des Livres

 
 
"Lire c'est voyager, voyager c'est lire." écrivait Victor Hugo dans Choses vues. Une interprétation de la double métaphore du monde comme livre et du livre comme monde, qui peut toujours nous donner à réfléchir sur les rapports du monde des livres (dans toutes ses acceptions) au monde-monde, et vice-versa... 
C'est je pense sur ces rapports que les professionnels du livre et plus généralement de la narration doivent s'interroger aujourd'hui face au défi des nouveaux médias et des nouvelles interfaces de lecture. Et vous, qu'en pensez-vous ?

jeudi 12 avril 2018

Les fictions vues comme des iles

Résumé de ma contribution à la conférence internationale en sciences humaines et sociales Mythanalyse de l'insularité, des 21 et 22 mai 2018 (organisateurs et informations) : Les fictions littéraires considérées comme des îles... 
  
" Cette réflexion prend la forme d'éclats, une succession de courts paragraphes à considérer comme autant d’îlots formant un archipel et donc ayant, au-delà des apparences, une certaine unité, laquelle unité pouvant être annonciatrice d'un isthme, une langue de terre qui s'avancerait dans l'océan du langage comme la presqu’île d'un vaste continent inexploré qui serait celui de la fiction littéraire.

Des kabbalistes considèrent le monde comme étant un phénomène linguistique. Marcel Proust lui-même n'est-il pas chaman lorsqu'il écrit dans Le temps retrouvé, ultime étape de son intime galaxie A la recherche du temps perdu : « Ce que nous appelons la réalité est un certain rapport entre ces sensations et ces souvenirs qui nous entourent simultanément », avouant avoir créé son œuvre : « comme un monde, sans laisser de côté ces mystères qui n’ont probablement leur explication que dans d’autres mondes et dont le pressentiment est ce qui nous émeut le plus dans la vie et dans l’art. » ?

Lectrices et lecteurs sont par nature des insulaires, mais ce sont aussi des navigateurs, pris par le texte, tantôt poussés au large, tantôt rejetés vers le rivage.
(L'imaginaire des îles s'harmonise bien, me semble-t-il, à ce mouvement qui se saisit du lecteur de fictions ballotté entre le monde du texte qu'il lit, et, le contexte du monde dans lequel il lit, comme entre le monde et la langue maternelle qui structure le monde, et s'éclairerait des explorations psychanalytiques de Marie Bonaparte sur Edgar Allan Poe – je pense notamment à l'île aux abîmes et aux "gouffres alphabétiques" –, et des travaux de Bachelard sur L'eau et les rêves.)

Ce balancement exprime subtilement le débat qui se croit contemporain sur l'attention et la distraction. En 1905 Proust l'aborde dans un texte qui n'était qu'une préface et est connu sous le titre Sur la lecture dont l'incipit a traversé le temps : « Il n’y a peut-être pas de jours de notre enfance que nous ayons si pleinement vécus que ceux que nous avons cru laisser sans les vivre, ceux que nous avons passés avec un livre préféré. ».

Aux fondements de la lecture littéraire niche une ambiguïté entre le contexte et le texte. Le lecteur est dans cet entre-deux, comme entre deux îles, il lit entre texte et contexte et se retrouve ainsi dans un inter-dit et ce que j'appellerais un outre-autre : un au-delà qui est autre, cet inconnu vers lequel il est attiré comme un navigateur l'est par des îles.

Considérer les îles comme des textes et le langage comme un océan, considérer lectrices et lecteurs comme des insulaires navigateurs n'est-ce pas approcher une vérité de l'être qui serait lettre, créature anthropoglyphe : une lettre qui aurait une forme animale humaine ? Qu'écriraient alors nos navigations ?

Passer de la figure du fictionaute, que je définis comme la densification de la part de soi qu'un lecteur de fictions littéraires projette dans ce qu'il lit, à celle du navigateur, c'est passer d'Ulysse navigateur à Ulysse voyageur interstellaire. En 1981 une série télévisée d'animation franco-japonaise avec Ulysse 31 au… 31e siècle, proposait cette lecture.

Pour les îles les frontières sont ailleurs, dans les eaux territoriales, aux confins des réalités et de l'imaginaire. Dans une perspective mythanalytique les îles et les voyages d'une île à une autre dessinent une graphie qui pourrait être la transcription d'une méthode de lecture en écho à la double métaphore bien connue du monde comme livre et du livre comme monde, qui deviendrait ainsi l'île comme livre et le livre comme île.
Nos références bibliographiques sont ici l'Odyssée d'Homère, Mardi de Herman Melville, Les aventures d'Arthur Gordon Pym d'Edgar Allan Poe, Flatland de Edwin A. Abbott, La Tempête de Shakespeare.
Chaque île, comme chaque livre, offre une lecture de soi et est remise en question de son identité narrative. "

vendredi 6 avril 2018

Marcel Proust - du chaman au fictionaute

Ma communication sur Marcel Proust, du chaman au fictionaute à l'occasion de la séance du séminaire EMC (Ethiques et Mythes de la Création) de l'Institut Charles Cros du 4 avril 2018 à Paris, sur le thème "Écritures secrètes et lectures littéraires du chamanisme" est en ligne dans son intégralité :


lundi 2 avril 2018

Quitter la légende, partir...

A l'occasion de ma récente visite à l'exposition des oeuvres de Gérard Garouste sur le thème de Diane et Actéon au Musée de la Chasse et de la Nature (Paris, jusqu'au 1er juillet 2018), j'ai été saisi par ce Cerf compagnon, représentation au sein de laquelle subsidiairement le personnage principal s'en va, prend la route.
Cette peinture m'en a rappelé une autre de Picasso vue il y a quelques années, le Minotaure à la carriole, qui m'avait tout autant intrigué et pour la même raison.
Comment pourrions-nous interpréter cette forme subtile de métalepse, de représentation d'un être imaginaire qui quitterait la scène ? 
Pour alimenter notre réflexion auriez-vous d'autres exemples que ces deux ci-dessous ?