samedi 22 août 2015

Comment suivre l'actu de la prospective du livre et de la lecture

En marge du Ray's Day 2015 voici comment suivre au plus près l'actualité de la prospective du livre, de la lecture et de l'édition.  
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lundi 17 août 2015

Lire au 21e siècle et au-delà

Lire ce n'est pas seulement prononcer à haute voix ou mentalement des mots écrits. C'est aussi, c'est d'abord (car l'écriture du langage oral ne date que de 5400 ans au plus), pouvoir accéder au sens d'un texte et/ou d'un contexte.
 
Progressivement l'acquisition de l'écriture nous a fait oublier que lire était aussi lire, non pas uniquement ce que notre espèce écrit, mais aussi tout ce qui nous environne : décoder et documenter, tant notre environnement extérieur que notre vie intérieure.
La lecture est l'objet d'un apprentissage. Mais notre propos est ici d'envisager la lecture elle-même comme objet d'étude en prospective.
 
Les historiens et les linguistes se sont d'abord accaparés cet objet. Aujourd'hui la lecture est de plus en plus un objet d'étude pour les neurosciences cognitives.
Les historiens abordent surtout l'histoire du livre, et souvent par le petit bout de la lorgnette, avec par exemple des sujets comme celui-ci (imaginé pour ne viser personne) : "Fonds de la bibliothèque d'un notaire de province au XVIIIe siècle - L'Etude de Me Hilaire Pécuchet à Barneville-Carteret, Basse-Normandie - 1705-1720" (N'étant pas historien je ne garantis pas la plausibilité de la chose.). Je vous recommanderais plutôt "Une histoire de la lecture" d'Alberto Manguel. 
Les linguistes abusent d'un jargon qui tient éloigné locuteurs et lecteurs.
Les neurobiologistes découvrent progressivement les fondements programmatiques du langage et de la lecture (voir par exemple les cours au Collège de France de Stanislas Dehaene sur les mécanismes cérébraux de la lecture).
 
Une nouvelle méthode de lecture...
 
Dans la perspective qui est la nôtre, telle qu'exprimée précédemment dans un billet du mois de juillet : Cette Chose derrière le Code, étudier la lecture au 21e siècle, c'est envisager comment les technologies émergentes et notamment la Grande convergence NBIC pourraient, non pas nous instrumentaliser, mais nous équiper pour que nous devenions de véritables lecteurs-fictionautes pratiquant la métalepse narrative comme méthode de lecture.
 
Les développements actuels de la robotique m'incitent à penser que nous devrions faire le pari que des androïdes dotés d'intelligence hériteraient tôt ou tard de l'espèce humaine qui les aurait imaginés et créés la capacité fabulatrice, le besoin d'imaginer d'autres mondes possibles et de se raconter des histoires, qui est peut-être la seule dimension qui nous caractérise fondamentalement sur l'éventail du vivant.
Est-ce à dire que le transhumain sera lecteur, ou alors qu'il ne sera pas ?
Serait-ce là, la ligne de démarcation entre transhumain, et, post-humain ? La lecture ?

lundi 27 juillet 2015

Cette Chose derrière le Code

Le code concerne le vivant. Avec le numérique, notre attention endormie, depuis longtemps détournée par les artifices du langage, se retrouve éblouie comme un lièvre pétrifié dans le faisceau aveuglant des phares d'un camion lancé sur lui. Que se passe-t-il ? C'est la nuit et nous rêvons que nous sommes éveillés. Simulacre de réalité, ou réalité simulée... Nous tenons, dans notre sommeil, comme preuves de notre éveil, l'apparence des choses manufacturées, le monde artificiel que notre langage désigne comme la réalité. Une jungle, une végétation sémantique qui substantifie son propre lexique.
Car le langage excède l'humain. Le langage outrepasse ses fonctions cognitives, car en plus de structurer notre pensée et notre représentation du réel, il alimente notre perpétuel monologue intérieur. Etant notre intime, il ne peut être réductible à une simple mécanique, dans le sens où nous ne nous considérons pas nous-mêmes, humains, comme de simples machines.
Mais le langage est un code actif qui nous programme. Transformer des données en information, c'est leur donner forme, en les chiffrant en l'occurrence en base binaire. Que penser du fait que tout ce que nous produisons devienne des nombres ? Nous vivons depuis plus de deux millions d'années un rêve éveillé, emporté dans la dynamique virale du langage, en partie peut-être assimilable à la "grammaire générative" et au "module du langage" de Chomsky, pour lequel : "l'acquisition du langage n'est pas (ou du moins pas essentiellement) un processus d'apprentissage. Elle serait plutôt à voir comme l'exécution d'un programme informatique implanté dans notre cerveau dès notre naissance" (Cf. Piaget, Chomsky et la faculté de langage). 
Alors quel est le nom de la Chose qui programme ? Cela, sans nom, s'exprime par différents mots que nous lui substituons faute de savoir la nommer de son nom véritable. L'innommable, à un premier niveau, celui d'une inhumanité ; l'indicible, pour notre pensée langagière ; l'ineffable, au plan souverain.
Car la Chose est unique. Je n'évoque pas ici les choses, mais le code source.
C'est l'innommée, cette inconnue qui nous précède. La Chose codante est cette présence qui nous a précédés avant le langage et la pensée verbale, avant la réflexion et la conscience de soi.
S'il y a bien un "quelque chose qui existe sans signifiant précis : un objet perdu mais que l’on n’a jamais perdu et que l’on recherche", sa quête serait peut-être alors à l'origine du langage.
Le plus souvent nous restons limités par les métaphores anthropomorphiques.
La prospective de la lecture est directement concernée, car le jour où nos gadgets électroniques seront des fossiles, il sera trop tard pour essayer de comprendre comment nous aurions peut-être pu au 21e siècle, nous délier d'une lecture aliénante, comment nous aurions pu découvrir ce qu'était véritablement la lecture, et comment nous aurions pu lire (décoder) autrement le rêve lucide dans lequel nous étions, nous sommes, embarqués.
La période de l'écriture informatique et réticulaire, comme troisième écheveau sémiologique pour Clarisse Herrenschmidt et qu'elle fait débuter en 1936 avec la Machine de Turing (Cf. Les trois écritures, Gallimard, 2007, p. 387 et suivantes), nous garde (nous sauvegarde peut-être ?) dans l'artifice, le simulacre et la simulation. Or, "Du simulacre naît la simulation : c'est-à-dire l'expérience d'un futur réel au travers de ce qui en est montré - le simulacre - et l'action sur ce simulacre.". (Herrenschmidt). C'est là en quelque sorte de la prospective appliquée.
 

mercredi 15 juillet 2015

Des mots retrouver la grande sorcellerie

A l'aurore les mots étaient magie, parler était alors quelque chose et lire relevait d'une forme avancée de sorcellerie.
La reproduction à marche forcée (manuscrite d'abord, puis imprimée ensuite) et l'alphabétisation massive, nous ont fait perdre conscience de cela.
Maintenant il ne s'agit aucunement de le regretter. Chacun(e), de par sa dignité humaine, avait le droit d'accéder aux textes, et face à eux d'être alphabétisé.
Mais il nous faut maintenant nous ressaisir de cette formidable puissance originelle des mots, depuis longtemps pervertie par la communication de masse. 

dimanche 28 juin 2015

Sur La mécanique du texte de Thierry Crouzet

La mécanique du texte - Thierry Crouzet
J'ai lu d'une foulée La mécanique du texte de Thierry Crouzet et j'en recommande la lecture.
Cet essai, à mon humble avis, est intéressant, bien documenté et rigoureusement argumenté, même si au final il peut donner l'impression de reprendre simplement la vieille antienne rimbaldienne du "il faut être absolument moderne".

Car en effet, même s'il est fort probable qu' « avec chaque nouvelle technologie, de nouvelles possibilités rendent envisageables des œuvres autrement impensables », et qu'il est incontestablement pertinent d'avoir, comme il l'a fait, étayé son argumentation à partir de la formule de Nietzsche dans une de ses correspondances : « Notre outil d'écriture participe de nos pensées.», il me semble que nous restons là, à la fois, dans l'expérience personnelle (celle de Thierry Crouzet, même s'il l'illustre habilement de maintes références), et, justement, dans les sentiers tracés par des auteurs du passé. 
Et cela, l'air de rien, engendre un subtil décalage. Par exemple si, en ce qui me concerne, je suis réservé sur les "liseuses" et autres nouveaux dispositifs de lecture, c'est parce qu'ils sont encore très imparfaits, qu'ils contraignent voire contrôlent nos lectures, et s'apparentent souvent à une forme d'arnaque commerciale. Thierry Crouzet, lui, et contrairement à moi, aime bien les appareils électroniques, et sa réserve du coup se porte plus globalement sur les ebooks, qu'il présente comme : « une façon de contenir la modernité naissante ». Jolie expression qui fleure bon son 19e siècle ;-)
  
Deux points de vue
  
En octobre 2014 j'ai publié : Les Mutations du Livre et de la Lecture. Dans ce travail spontané j'ai cherché à attirer l'attention sur le fait que le numérique et ses codes actifs sont aussi du langage, et que ce que j'observais pourrait peut-être bien s'apparenter alors à une véritable évolution de notre ordre conceptuel et, par là, s'inscrire dans l'épopée de l'espèce humaine, au même titre que le langage et que l'écriture.
En désignant des marqueurs d'e-incunabilité, les arguments que je me suis efforcé d'avancer allaient, selon moi, dans le sens d'une reconfiguration du système rhétorique de notre espèce et d'une éventuelle entrée dans un nouvel âge, que je proposais de baptiser : le Bibliocène.
 
En fait, là où Thierry Crouzet voit une possible "révolution esthétique", je vois moi une "mutation cognitive".
Ni lui, ni moi, ne pouvons sans doute nous départager objectivement. C'est à d'autres je pense qu'il reviendrait de le faire, de faire la part des choses, de nos accords et de nos divergences, de là où peut-être nous nous complétons, et en quoi sinon nos discordances pourraient être profitables pour éclairer la période que nous traversons ?
 
A la lecture de l'essai de Thierry Crouzet j'ai été sensible à sa perception affective de la démarche d'auteur face à l'extrême contemporain. A un moment, au sujet du Web, de sa réalité de bibliothèque universelle, cette expression, par exemple, d' "extension mémorielle ad infinitum de l'homme connecté".
Mais j'ai bien l'impression que cela reste dans un rapport presque magique aux machines, à la modernité, à la technique, à la science aujourd'hui figurée par l'informatique.
Et l'humain ? Et la dimension spirituelle de l'humain, en particulier, et du vivant en général ?
 
En envisageant comme je le fais les actuelles mutations des dispositifs et des pratiques d'écriture et de lecture au niveau d'une fusion du narratif et du biologique (comme je l'évoquais récemment dans Redécouvrir la magie des mots), je sors du champ du livre pour penser au niveau de la lecture et du comment, comme le langage, elle influence notre perception et conditionne notre rapport à ce que nous appelons "réalité". Pour moi, il y a longtemps que la lecture est sortie du bois !
 

Si on cherche ses clés dans le cercle de lumière au pied du lampadaire, avec de la chance, on peut les trouver, mais on ne peut guère trouver... autre chose.
Et si cela semblait peu aimable de ma part, que l'on sache bien que, dans ce rapprochement de nos deux visions, je me compare à l'allumeur de réverbères de la cinquième planète (Cf. Le Petit Prince de Saint-Exupéry).
 
J'ai vraiment trouvé intéressant de constater qu'à la toute fin de son essai, Thierry Crouzet approche, entre les lignes, des voies que j'explore, et qu'aujourd'hui je pourrais formuler ainsi : le livre de demain comme un miroir de l'autre côté duquel le lecteur pourra passer (voir, entre autres, ici...).
 
Avec La mécanique du texte, Thierry Crouzet adopte le point de vue d'un auteur (plutôt technophile). Avec Les mutations du Livre et de la Lecture, j'adopte celui d'un lecteur (plutôt pas technophile, et potentiellement d'un chercheur). Deux points de vue différents (mais probablement en partie complémentaires).
 
P.S. du 1er juillet 2015 : une autre facette de ma lecture de cet essai sur Viabooks : Thierry Crouzet, le texte influencé par la technique...

mardi 23 juin 2015

Présentation de prototypes pour la médiation numérique du livre

Ces prototypes de librairie et de bibliothèque numériques sont développés sur la plate-forme web 3D immersive EVER [Environnement Virtuel pour l'Enseignement et la Recherche] de l'Université de Strasbourg, avec le logiciel libre opensimulator.




Dans le cadre du programme ML3D [Ma Librairie en 3D] nous testons également un "Métacafé Littéraire". L'idée est de reproduire à distance pour la francophonie l'ambiance et les possibilités d'échanges entre lecteurs et auteurs du monde physique...
 
L'exacte reproduction des conditions physiques d'une rencontre autour d'un auteur...
Des décors et des émotions semblables pour une expérience partagée unique !

lundi 1 juin 2015

Oser rêver le futur du livre, comme un futur magique !

A lire sur Viabooks : Redécouvrir la magie des mots, parce que "L'exposition "Magie, anges et démons dans la tradition juive", qui a lieu jusqu'au 19 juillet 2015 à Paris au Musée d'art et d'histoire du judaïsme, ne peut que faire écho chez toute personne sensible à la lecture et aux pouvoirs des mots."

 


Extrait : "Il faut aujourd'hui oser rêver le futur du livre, comme un futur magique. La mutation du système rhétorique, c'est-à-dire du programme d'influence du langage sur nos esprits, relève davantage de cet ordre de la puissance magique des mots, que de celui des simples dispositifs de lecture.
Algorithmes, métadonnées et big data, ne sont que les expressions contemporaines de forces antédiluviennes, des mots substitués pour désigner en fait des avatars, d'anges et de démons.
La vraie révolution du livre est ainsi ailleurs que dans les objets du numérique, car ce qui se joue n'a jamais été de l'ordre des machines, mais toujours de celui de la pensée et des mystères de la conscience du vivant.
Aujourd'hui la puissance des algorithmes, que des hommes écrivent, liée à la puissance de l'imaginaire humain, nous désigne comme de véritables magiciens dans l'ordre des substitutions analogiques qui rendent sensibles et plausibles les multiples réalités de l'univers. Ne parle-t-on pas de plus en plus de virtuel, de réalité augmentée et de réalités alternées ? Même si nous n'en tirons généralement pas les conséquences, nous savons bien que le langage que nous utilisons détermine notre perception du monde, comme l'exprime hypothèse Sapir-Whorf, depuis déjà les années 1930.
C'est cela aussi qui est écrit dans cette exposition au Musée d'art et d'histoire du judaïsme, pour celles et ceux qui savent lire au-delà des apparences.
Pourquoi alors, avec la puissance de programmation du numérique et les outils d'investigation des neurosciences, ne pas chercher à mettre au profit de l'édition, des auteurs et des lecteurs, cette force créatrice du langage ?
Par ignorance ou par peur peut-être. Beaucoup en vérité ont oublié que Gutenberg, avant de concevoir l'imprimerie, fabriquait des petits miroirs magiques pour les pèlerins."